LE SAIP et le plan ORSEC

L’Alerte ORSEC

« Toute personne concourt, par son comportement, à la sécurité civile ». Code de la sécurité intérieure, article L.721-1

Lors d’une catastrophe naturelle ou technologique aux conséquences graves pour la population, les autorités publiques s’appuient sur l’organisation de la réponse de sécurité civile (ORSEC).

Le citoyen est au centre de ce dispositif. La protection des personnes est, bien sûr, la première des priorités des services de secours. L’implication de chacun est cependant indispensable au bon déroulement des opérations en situation d’urgence. Savoir réagir efficacement en cas d’alerte ou face à un sinistre, c’est faciliter l’action des secours et contribuer à la réduction des conséquences des crises.

Pour cela, il est primordial de savoir reconnaître le cycle d’1 minute et 41 secondes répété trois fois par les sirènes d’alerte. Encore faut-il alors adopter les comportements réflexes de sauvegarde adéquats : se mettre en sécurité, s’informer, ne pas aller chercher ses enfants à l’école et ne téléphoner qu’en cas d’urgence vitale.

Toute une histoire

En France, depuis la seconde guerre mondiale, les sirènes ont progressivement remplacé le tocsin (sonnerie de cloches à coups redoublés). A partir de 1948, le Réseau national d’alerte (RNA), réseau de sirènes majoritairement implantées le long des frontières terrestres, rempli la fonction d’alerte des populations. Hérité de la défense passive, c’est à dire de la protection des populations en cas de guerre, il est tout d’abord conçu comme un outil de réponse à la menace aérienne.

Avec la guerre froide, le déploiement des sirènes s’accélère. Aujourd’hui, le réseau est toujours en partie géré par l’armée de l’air en raison de l’élément «Agression aérienne » initialement pris en compte, mais cet outil est également utilisé pour prévenir la population d’un sinistre de sécurité civile, d’origine naturelle ou technologique.

La diversification des risques a nécessité une modernisation de l’alerte. La mise en place du système d’alerte et d’information des populations (SAIP) a été l’occasion de revoir l’implantation des sirènes afin de mieux prendre en compte les nouvelles natures de risques et répondre de manière plus pertinente aux besoins actuels de la population.

Le signal d’alerte

Le signal doit être clairement audible et mobilisateur sans être anxiogène. Limiter à 3 répétitions du cycle d’1 minute et 41 secondes permet donc de le percevoir efficacement tout en évitant de générer un stress supplémentaire à une population déjà soumise à une crise.

Mais pourquoi une alerte d’1 minute et 41 secondes exactement ?

A l’origine, le signal était d’1 minute. Cette minute correspondait à la limite technique des sirènes électromagnétiques qui risquaient de disjoncter si elles tournaient trop longtemps. Les 41 secondes correspondent au délai technique de montée et descente de la sirène.

LE SAIP

Le Système d’Alerte et d’informations aux populations (SAIP) ensemble d’outils permet d’avertir la population d’une zone donnée, d’un danger imminent et de l’informer sur la nature du risque et le comportement à tenir. Basé sur la multidiffusion des messages, il rassemble donc différents vecteurs ainsi qu’un logiciel de déclenchement permettant aux maires et aux préfets d’assurer la protection de leur population.

À qui est-il destiné ?

Le SAIP est un ensemble structuré d’outils permettant la diffusion d’un signal ou d’un message par les autorités. Son objectif est d’alerter une population exposée, ou susceptible de l’être, aux conséquences d’un événement grave imminent ou en cours. Elle doit alors adopter un comportement réflexe de sauvegarde. Son déclenchement et le contenu du message sont réservés à une autorité chargée de la protection générale de la population, de l’ordre public et de la défense civile. Sur le terrain, cette compétence est détenue par le maire et le préfet de département.

Une double fonction

Une fonction d’alerte

En l’entendant, la population doit appliquer les comportements réflexes de sauvegarde comme se mettre en sécurité et se tenir informé. Cette fonction d’alerte doit donc trouver une population déjà sensibilisée, connaissant le signal d’alerte et en capacité de réagir de manière pertinente. Tous les citoyens contribuent ainsi à l’efficacité des actions de secours de la sécurité civile.

Une fonction d’information

Le SAIP permet aussi de préciser les consignes de sécurité à suivre en urgence et de donner les indications sur l’évolution de l’événement.

Quelles sont les principales caractéristiques du SAIP ?

Plusieurs vecteurs d’alerte et d’information

Le SAIP mobilise plusieurs vecteurs d’alerte et d’information de la population, le principe de base étant la multidiffusion :

les sirènes ;

un service de diffusion de l’alerte à des opérateurs, relayant avec leurs propres moyens ces informations (notamment panneaux à message variable, radios, ensemble mobiles d’alerte, comptes officiels des réseaux sociaux…)

Un logiciel de déclenchement à distance

Une application logicielle intégrant une interface cartographique permettra le déclenchement sécurisé des moyens d’alerte par les autorités à différents échelons en deux phases de déploiement :

Phase 1 :

Au sein des services du ministère de l’intérieur :

dans les départements, à partir du centre opérationnel départemental (COD) du préfet ;

dans les zones de défense, à partir du centre opérationnel de zone (COZ) de l’état-major interministériel de zone ;

sur le territoire national, à partir du centre opérationnel de gestion interministérielle des crises (COGIC) du ministère de l’Intérieur.

Phase 2 :

dans les communes, par le maire ;

dans les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) et, sur ordre d’un maire ou du préfet, à partir du centre opérationnel départemental d’incendie et de secours (CODIS) des sapeurs-pompiers ;

sur le territoire national, à partir des centres de détection et de commandement et du centre national des opérations aériennes (CNOA) de l’armée de l’air.

Le déploiement du SAIP

Plusieurs phases d’études, d’expérimentation, de contractualisation et de réalisation, ont été menées de 2009 à 2012. Le déploiement du SAIP, lancé dès 2013, est organisé en 3 temps :

une vague pilote en 2013 sur les départements du Rhône et des Bouches-du-Rhône.

La première vague de déploiement de 2013 à 2020 couvre les zones d’alertes identifiées comme prioritaires. Les sirènes sont positionnées sur les bassins de risques, zones identifiées les plus à risque, croisant l’intensité du risque et la densité de la population concernée. Le parc de sirènes intègre des sites existants (sirènes de l’ancien réseau national d’alerte ou appartenant aux communes) mais également de nouveaux sites positionnés dans des zones d’alerte dépourvues de moyens.

La deuxième vague doit permettre de couvrir l’ensemble des bassins de risque restant. À terme, ce sont 2 830 sirènes qui seront connectées, dont 987 nouvelles ajoutées au dispositif du réseau national d’alerte existant.

Reconnaissable grâce à un son montant et descendant, vous avez sans doute déjà entendu l’essai mensuel d’une durée d’1 minute et 41 secondes. Le signal d’alerte enchaîne 3 cycles de cette sonnerie séparés d’intervalles de 5 secondes.
Les comportements réflexes de sauvegarde à adopter immédiatement sont donc se mettre en sécurité, s’informer, ne pas aller chercher ses enfants à l’école et ne téléphoner qu’en cas d’urgence vitale. Découvrez-les plus en détail sur cette page.

Comment reconnaître le signal national d’alerte ?

Le signal national d’alerte se compose d’un son modulé, montant et descendant, de trois séquences d’une minute et quarante et une secondes, séparées par un intervalle de cinq secondes.

La fin de l’alerte est annoncée par un signal continu de 30 secondes.

Tous les premiers mercredi du mois à midi, les sirènes font l’objet d’un exercice. Cet essai mensuel ne comprend qu’un seul cycle d’une minute et quarante et une secondes seulement.

Le signal spécifique aux ouvrages hydrauliques

Dans les secteurs situés en aval immédiat d’un ouvrage hydraulique, un signal d’alerte spécifique de type « corne de brume » avertit la population de la rupture de l’ouvrage ou d’un lâché d’eau important. Il comporte un cycle d’une durée minimum de 2 minutes, composée d’émissions sonores de deux secondes séparées par un intervalle de trois secondes.

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Tous les trimestres, les premiers mercredis des mois de mars, juin, septembre et décembre à 12h15, les sirènes font l’objet d’un exercice. Ce signal d’exercice ne comporte qu’un cycle d’une durée de 12 secondes composé de trois émissions sonores de 2 secondes séparées d’un intervalle de 3 secondes.

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La fin de l’alerte est aussi annoncée par un signal continu de 30 secondes.

Comment réagir en cas d’alerte ?

En cas d’alerte, vous devez adopter un comportement réflexe afin de vous mettre en sécurité et faciliter l’action des secours. Par défaut, rejoignez un bâtiment afin de vous protéger et vous informer sur la nature exacte de la crise. En fonction des situations, les autorités vous indiqueront la conduite à tenir : se protéger dans un bâtiment ou évacuer la zone dangereuse.

Si les sirènes sonnent, 4 comportements réflexes de sauvegarde à adopter

En situation de crise, les réseaux téléphoniques et/ou internet pourraient ne plus fonctionner. La diffusion hertzienne est celle qui a le plus de chance de résister. Les antennes de radio France sont les stations de référence pour obtenir des informations quant à la nature et l’évolution de la crise.

Vous pourrez ainsi adapter votre comportement en conséquence.

  • Si l’on vous demande de vous confiner: arrêtez la climatisation, le chauffage et la ventilation, bouchez les ouvertures (fentes, portes, aérations, cheminées…) afin de vous protéger d’une éventuelle pollution de l’atmosphère.
  • ou, sur ordre des autorités, évacuer. Tenez-vous prêts à évacuer dans les plus brefs délais. Afin de vous préparer au mieux à une évacuation, la brochure « Je me protège en famille » aide à la constitution anticipée d’un kit d’urgence.

De manière générale

Ne restez pas dans un véhicule.
Il faut libérer les voies de circulation pour faciliter l’action des secours. Un véhicule donne une fausse impression de sécurité. En cas d’inondation par exemple, 30 cm d’eau suffisent pour emporter une voiture et elle ne résiste pas à la chute d’un arbre.

Ne restez pas près des fenêtres.
Certaines circonstances (comme des explosions, des vents violents) peuvent briser les vitres et blesser les personnes à proximité.

N’ouvrez pas les fenêtres pour savoir ce qui se passe dehors.
Le signal d’alerte peut être déclenché en raison d’une pollution de l’air (nuage toxique, etc.). Le confinement est alors indispensable pour se protéger.

N’allumez pas une quelconque flamme.
Une pollution de l’air (nuage toxique, produits chimiques) peut-être inflammable. Ne prenez pas le risque de déclencher une explosion tant que la nature du danger n’est pas parfaitement identifiée.

Ne quittez pas votre abri sans consigne des autorités.
Le signal d’alerte a pour objectif de mettre la population en sécurité. Tant que l’alerte n’est pas levée (son continu de sirène de 30 secondes), quitter l’abri vous expose au danger.

Ne prenez pas l’ascenseur.
Les évènements climatiques peuvent entraîner des coupures d’électricité et des pannes d’ascenseur. Les personnes s’y trouvant risqueraient donc d’y être piégées.

Ne revenez pas sur vos pas.
En général et notamment en cas d’inondation ou de rupture de barrage, ne revenez jamais en arrière, les phénomènes rapides peuvent vous piéger et vous pouvez vous retrouver en danger, au milieu des eaux, par exemple.

Dans les secteurs situés en aval des ouvrages hydrauliques, si la corne de brume retentit, vous devez :

  • Évacuer et gagner le plus rapidement possible les points hauts les plus proches cités dans le plan particulier d’intervention (PPI) de l’ouvrage . A défaut, rejoindre les étages supérieurs d’un immeuble élevé et solide ;
  • En cas de rupture d’un ouvrage hydraulique (barrage, …), les zones situées en aval sont inondées en quelques minutes. L’évacuation ou, à défaut, l’accès à une hauteur doit donc être immédiat dès que l’on entend la corne de brume.
  • Attendre les consignes des autorités ou le signal de fin d’alerte (son continue de 30 secondes) pour quitter les points hauts. L’évaluation du danger est difficile. Un piéton et une voiture peuvent être emportés par des flots de seulement 30 cm de hauteur. Attendre les consignes ou le signal de fin d’alerte vous protège du danger.