Ressources schématiques

La sécurité au travail, l’homéostasie du risque, et les schémas de Bird, Bradley

Développer une culture de santé et sécurité au travail
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Stade réactif
Les gens ne se sentent pas concernés. Ils croient que la sécurité résulte davantage de la chance que de la gestion et que « les accidents sont inévitables ». Et en effet, ils finissent par se produire.
0 accident = impensable !

Stade de dépendance
Les gens croient que la sécurité consiste à suivre les règles élaborées par quelqu’un d’autre. Le nombre d’accidents diminue et la direction considère que la sécurité pourrait être contrôlée « si seulement les gens suivaient les règles ».
0 accident = j’en rêve !

Stade d’indépendance
Les gens prennent la responsabilité pour eux‑mêmes. Les gens considèrent la sécurité comme personnelle et jugent qu’ils peuvent améliorer la situation par leurs propres actions, ce qui réduit davantage le nombre d’accidents.
0 accident = un heureux hasard !

Stade d’interdépendance
Les équipes s’approprient la sécurité et prennent les décisions pour eux‑mêmes et pour les autres. Ils n’acceptent que les normes strictes et ne prennent pas de risques. Ils discutent activement avec les autres pour comprendre leur point de vue. Ils croient qu’une véritable amélioration n’est possible que s’ils agissent comme un groupe, et que l’absence totale de blessures est un objectif réalisable
0 accident =une conviction


Courbe de Bradley – Management du risque d’accident

2. La pyramide de Bird

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Cette pyramide a été élaborée par Frank E. Bird Jr à la suite d’une étude menée par la compagnie d’assurance Insurance Company of North America en 1969. L’étude a porté sur 1 753 498 accidents déclarés par 297 entreprises. Celles-ci, qui représentaient 21 groupes industriels différents, employaient 1 750 000 personnes qui ont travaillé trois millions d’heures durant la période étudiée.

Le principe de la pyramide de Bird exprime le fait que la probabilité qu’un accident grave survienne augmente avec le nombre de presque accidents et d’incidents. Par conséquent, si une entreprise réussit à réduire le nombre d’incidents au bas de la pyramide, le nombre d’accidents sera forcément réduit d’autant.

3. Graphiques illustrant la culture sécurité

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Le lien en conduite

Le Système HEVO :

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Les 7 attributs d'une culture de sécurité intégrée (ICSI, 2017) | Download  Scientific Diagram

Démarche de prévention

Évaluer les risques

L’évaluation des risques constitue le point de départ de la démarche de prévention qui incombe à tout employeur dans le cadre de son obligation générale de sécurité. Les résultats de cette évaluation doivent être transcrits dans le document unique. Au-delà du strict respect de l’obligation réglementaire, ce document doit permettre à l’employeur d’élaborer un plan d’actions définissant les mesures de prévention appropriées aux risques identifiés : accidents de la circulation, vibrations, bruit, stress par exemple.
Il doit également s’inscrire dans la durée pour entraîner un véritable changement dans les pratiques et la culture d’entreprise.

Circulation routière sur le périphérique parisien

© Gael Kerbaol / INRS

Circulation routière sur le périphérique parisien

Les principales étapes de l’évaluation

  • Réaliser un état des lieux des déplacements, en tenant compte des conditions réelles de conduite (durée de déplacement, amplitudes horaires de travail, types et caractéristiques des véhicules, état du trafic, conditions météo…).
  • Analyser les déplacements (planification, organisation…).
  • Identifier les salariés exposés.
  • Examiner les motifs et caractéristiques des déplacements.
  • Analyser des accidents de mission survenus au cours des dernières années (accidents matériels et corporels, coûts directs ou indirects).

Pour dresser une analyse la plus complète possible, il est nécessaire de sensibiliser, associer et impliquer tous les salariés concernés, notamment dans les étapes initiales de la démarche, l’état des lieux et l’analyse des déplacements (planification, organisation).

Importance de l’implication des salariés exposés dans l’évaluation du risque routier« Nous avons de plus en plus de chantiers, de plus en plus éloignés. Cela augmente le temps de conduite de notre personnel. C’est en partant de ce constat que nous avons décidé de faire une analyse des risques liés à la conduite. A travers ce travail, nous avons découvert que certains de nos employés passaient jusqu’à deux ou trois heures par jour derrière un volant, avec des collègues passagers, du matériel ! Nous n’avions pas conscience de cela. »

Témoignage d’une direction des ressources humaines dans le BTP second œuvre

Choix de mesures de prévention

Définir un plan d’actions

Le plan d’action de prévention du risque routier dans l’entreprise s’appuie sur le document unique et les risques mis en évidence. Une partie des actions à mettre en place peut concerner la gestion et l’organisation des ressources humaines et matérielles.
Quatre grands domaines regroupent l’ensemble des problématiques rencontrées par les entreprises :

  • déplacements : organisation en amont…
  • véhicules : choix de véhicules appropriés, en bon état, sûrs…
  • communications lors des déplacements : instauration d’un protocole
  • compétences : formation initiale et complémentaire.
Optimiser la gestion des déplacements

La gestion et la programmation globale des déplacements par l’entreprise (dans le temps, la durée…) sont un des points clefs de la réduction du risque routier. Tout déplacement se prépare depuis l’entreprise, et non au dernier moment, sur la route… Il est nécessaire d’organiser au sein même de l’entreprise la prise des rendez-vous, la planification des tournées, le choix des itinéraires, l’appréciation des distances parcourues, le respect des temps de pause, la gestion des urgences et des retards…

Animation « Conduire pour le travail : le rendez-vous » (Anim 016)

Quelques pistes pour une meilleure gestion des déplacements

Quelques pistes pour une meilleure gestion des déplacements

  • Éviter les déplacements dans la mesure du possible
    – Utiliser des technologies de communication (visioconférence, audioconférence, internet).
    – Regrouper les rendez-vous ou les réunions hors entreprise.
    – Supprimer les trajets inutiles par une meilleure préparation des chantiers, par exemple.
  • Réduire l’exposition au risque routier lors de déplacements, quand le déplacement est nécessaire :
    – Recourir aux transports collectifs (avion ou train).
    – Combiner les transports collectifs avec la location de véhicule pour limiter les distances parcourues.
    – Planifier et rationaliser les déplacements longs.
    – Limiter les distances quotidiennes parcourues ou la durée de conduite (prescriptions réglementaires des temps de conduite et des temps de pause).
    – Donner la priorité à l’autoroute, plus sûre.
    – Réfléchir sur la gestion des urgences et des retards.
    – Limiter l’usage des deux-roues à des besoins spécifiques.
  • Organiser et rationnaliser les déplacements
    – Cette réflexion peut être menée en collaboration avec des clients et/ou des fournisseurs habituels afin d’optimiser l’organisation des tournées, de prendre en compte la sécurité dans la négociation des délais de livraison et de mieux coordonner les tâches pour le retrait ou la livraison de marchandises

Exemple d’organisation des déplacements dans une entreprise de menuiserie/décoration d’intérieur

L’entreprise a des clients dans toute la France. Les chantiers lointains sont préparés et organisés de la façon suivante :

  • envoi du matériel et outillage nécessaire quelques jours avant le début du chantier par transporteur,
  • déplacement de l’équipe par train ou par avion,
  • location de véhicule sur place

Dans la gestion au quotidien, avant tout déplacement, il est important de se poser les questions suivantes :

  • Ce déplacement est-il nécessaire ?
  • Peut-on privilégier d’autres modes de déplacement ?
    (selon la distance à parcourir ou le temps de conduite à prévoir)
  • Peut-on combiner ce déplacement avec d’autres déplacements routiers ?


Dans son plan d’actions, le chef d’entreprise doit envisager deux axes prioritaires : éviter les déplacements dans la mesure du possible et, si ceux-ci sont nécessaires, mettre en œuvre les mesures appropriées afin de réduire les risques auxquels sont exposés les salariés lors de leurs déplacements.

Tout cela peut amener à mettre en place une nouvelle organisation, à définir de nouvelles règles au sein de l’entreprise et à repenser des habitudes et des façons de travailler (notamment par une meilleure gestion des urgences et des retards). Les bénéfices d’une telle démarche sont avérés en terme de sécurité et à plus longue échéance, d’efficacité.

Agir sur les véhicules

Le véhicule à usage professionnel doit être adapté au déplacement et à la mission à réaliser.

Critères d’adaptation d’un véhicule en fonction de la mission :

  • le véhicule est aménagé et équipé en fonction des besoins des personnes et des charges à transporter,
  • séparation entre la partie habitacle de conduite et le chargement (transport de matériaux, de produits, d’outils…),
  • dans le volume réservé au chargement, arrimage et répartition des charges,
  • capacité et puissance du véhicule adaptées au chargement. Toute surcharge constitue un facteur d’aggravation du risque.

Maintenance d’une flotte de véhicule

Les entreprises qui ont une flotte de véhicules doivent mettre en place une organisation qui assure un bon état de maintenance des véhicules

Pour assurer la maintenance d’une flotte de véhicules, il faut :

  • désigner un responsable du parc,
  • planifier les entretiens des véhicules,
  • suivre quotidiennement l’état du parc,
  • mettre en place un carnet d’entretien pour chaque véhicule à la disposition de l’utilisateur.

Animation « Conduire pour le travail : le parc auto » (Anim 017)


Les utilisateurs des véhicules doivent être encouragés à signaler tout dysfonctionnement selon un circuit établi (fiches d’observations, demandes d’interventions…). Les règles d’entretien doivent être définies par l’entreprise et la périodicité des contrôles adaptée aux conditions d’utilisation des véhicules.

Opérateurs effectuant le contrôle technique d’un véhicule utilitaire

© Patrick Delapierre

Plateforme de contrôle technique des véhicules dans une entreprise

Témoignage d’un chauffeur dans une PME

« La même fourgonnette sert, selon les besoins, à une demi-douzaine de personnes. Le résultat, c’est que la maintenance n’est jamais faite. On considère toujours que c’est l’autre qui s’en chargera… » ()

Au moment de l’achat ou de la location d’un véhicule, il faut s’assurer que celui-ci est doté des équipements de sécurité (système de freinage par assistance électronique, airbags, limiteur de vitesse réglable et modulable par le conducteur…), assurant le même niveau de protection des salariés quelle que soit la place occupée dans le véhicule.

Certaines entreprises optent pour la location longue durée de véhicules, même pour de petites flottes. Cela permet de proposer des véhicules récents avec un bon niveau d’équipements et garantit un suivi technique plus rigoureux.

Communications lors des déplacements

Le téléphone mobile est devenu tellement familier que l’entreprise se doit d’en organiser l’utilisation dans le cadre professionnel, notamment sur la route.

Animation « Conduire pour le travail : le téléphone » (Anim 018)

Interdire l’utilisation du téléphone au volant

Téléphoner au volant déconcentre le conducteur et le détourne de sa tâche de conduite. De nombreuses études montrent que téléphoner en conduisant accroît les risques d’accident, y compris avec un kit « mains libres ».

Il est donc recommandé aux entreprises de proscrire l’utilisation du téléphone au volant d’un véhicule, quel que soit le dispositif technique utilisé.

Il est nécessaire d’instaurer un protocole de communication qui permette aux salariés en mission de rester en liaison avec leur entreprise et leurs clients, sans mettre en danger leur sécurité sur la route. Ce protocole doit répondre aux besoins de l’entreprise tout en accordant la priorité à la sécurité du salarié. C’est un document connu du salarié, qui précise dans quelles conditions ce dernier devra utiliser son téléphone portable lorsqu’il est en mission.

Pistes pour un protocole de communication

  • Rappeler les risques d’accidents.
  • Interdire l’utilisation du téléphone au volant, quel que soit le dispositif utilisé.
  • Communiquer quand le véhicule est à l’arrêt.
  • Enregistrer un message d’accueil sur la messagerie.
  • Renvoyer automatique les appels.
  • Fixer des plages d’appels sur les temps de pause de conduite.

Communications dans une entreprise de nettoyage industriel : témoignage de la direction

« C’est clair, nous avons interdit le téléphone portable au volant. J’ai moi-même évité de justesse un accident grave alors que je passais un coup de fil. J’ai eu très chaud… Lorsqu’ils conduisent, nos employés ont pour consigne stricte de dévier leur ligne sur leur messagerie et de s’arrêter pour traiter leurs appels. Nous prenons en compte ces temps d’arrêt dans l’organisation des tournées… ça nous fait perdre un peu de temps, c’est vrai, mais nous gagnons en sécurité. Et puis, s’il arrive quelque chose à l’un de mes salariés au volant, côté responsabilité, je suis en première ligne. »

Compétences

Les véhicules utilisés pour l’exercice d’une activité professionnelle ont des caractéristiques très variables et nécessitent l’acquisition ou la maîtrise de compétences spécifiques. De plus, effectuer des dizaines de milliers de kilomètres par an pour son travail, dans des conditions parfois difficiles (pluie, verglas, mauvaise visibilité…), demande aussi des compétences particulières qui peuvent s’acquérir notamment après le suivi de formations.

En tout état de cause, avant de confier au salarié la conduite d’un véhicule, l’entreprise doit vérifier qu’il possède bien un permis de conduire en cours de validité, correspondant au véhicule qui lui est confié. Si un simple permis B suffit au plan réglementaire pour conduire un véhicule de moins de 3,5 tonnes, il convient d’aller au-delà de cette obligation du point de vue de la prévention. La conduite de certains véhicules nécessite, en effet, parfois des compétences particulières (véhicules utilitaires transportant des charges lourdes, minibus…).

De nombreuses entreprises mettent en place une formation complémentaire pour les salariés les plus exposés au risque routier. Ces formations leur permettent d’acquérir des compétences pour conduire en sécurité, y compris par temps de pluie, de verglas, en cas de mauvaise visibilité…De même ces formations peuvent compléter les formations FIMO et FCO suivies par les conducteurs de poids lourds.

Formation complémentaire à la conduite

  • Faire un bilan des compétences des salariés concernés
  • Définir les besoins en formation complémentaire
  • Choisir un organisme offrant des formations adaptées aux activités de l’entreprise : type de véhicule, kilométrage parcouru, techniques d’arrimage des charges, conditions de conduite en charge, manœuvres…
  • Établir un plan de formation pluriannuel.
  • Une telle formation peut être accompagnée d’une formation aux premiers secours. Le suivi du dispositif et la mise à jour des qualifications des salariés doivent être prévus.
Prévenir le risque d’atteinte à la santé

Au-delà des risques d’accidents corporels, l’activité de conduite expose à de nombreux autres risques. Ils ne doivent pas être négligés dans une démarche de prévention, surtout dans les secteurs où la conduite de véhicules est une part importante de l’activité professionnelle… Après avoir été évalués, ils doivent donc faire l’objet de mesures de prévention spécifiques. Voici quelques pistes de prévention pour mieux les prendre en compte.

PRÉVENTION DES PRINCIPAUX RISQUES (AUTRES QUE L’ACCIDENT) LIÉS À LA CONDUITE DE VÉHICULE
RISQUESOURCES D’EXPOSITION POSSIBLESEXEMPLES DE PRÉVENTION
VibrationsConduite sur chaussée déformée
Conduite sur chantiers
Suspension renforcée
Siège anti-vibratile
 Siège ergonomique
BruitConduite fenêtre ouverte

Chargement bruyant
Climatisation

Cloison de séparation pleine
Calage et arrimage des charges
Risques chimiquesPollution urbaine
Gaz d’échappement

Émanations, vapeurs, fuites provenant du chargement
Filtre spécifique sur l’alimentation d’air

Cloison de séparation pleine entre l’habitacle et le chargement
Ventilation de la zone
Gestes répétitifsEmbrayage/débrayage, changement de vitesse en circulation urbaineBoîte de vitesse automatique
Position statique prolongéeLongs trajets
Attentes prolongées
Pauses dynamiques
Organisation des tournées et/ou déplacements
StressContraintes horaires de livraison ou de rendez-vous

Densité du trafic ou conditions de conduite dégradées (pluie, brouillard, chaussée glissante, véhicule en mauvais état…)
Organisation du travail
Optimisation de la répartition des tournées
Mise en place d’un filtre entre le client et le conducteur (dispatch, hotline)

Préparation des déplacements, en prenant en compte l’état du trafic et les conditions météorologiques
Choix de l’itinéraire
ChaleurConduite au soleil l’étéClimatisation
Mise à disposition de boissons fraîches